Caractère

La psyché de Kitty est un problème à part entière. Petite poupée d’acier torturée par les caprices et expériences de deux Overlords capricieux, il est bien difficile de déterminer qui elle est. Ou même si elle est tout court. Certains argueront du fait que des lignes de codes qui se mêlent et s’entremêlent ne font pas de quelqu’un une vraie personne, encore moins un être conscient. Qu’elle ne peut pas agir, mais seulement réagir. D’autres répondront que si les démons nés en Enfers n’ont pas d’âme, qu’est-ce qui les différencie d’elle ? Elle-même vous répondra qu’elle n’en a aucune idée avec plus ou moins de peine dans la voix, selon le mode que Valentino s’est amusé à activer ce jour-là. Commandes vocales qui lui retournent l’esprit et le cœur, la font changer au gré des humeurs d’un pimp caractériel et bien trop attaché au passé. Souvent, elle en oublierait même qui elle est réellement, souvenirs et attitudes volés à une autre dont elle voit le visage partout sauf dans le miroir, alors même qu’il est censé être sien. Tantôt poupée docile et dépravée, tantôt mariée innocente et heureuse, mais toujours mutine, Kitty change et s’adapte au bon vouloir de son propriétaire. Douleur, insensibilité, larmes, ignorance, consentement, tout est programmable chez elle, accessible d’un petit mot murmuré ou crié d’une voix suave et dégoulinante d’une fumée rose à l’odeur entêtante. Mais aucun code n’est parfait. Peut-être qu’elle n’était tout simplement pas faite pour être dotée d’autant de consciences différentes, peut-être que le travail a été bâclé, peut-être qu’un semblant de réelle conscience s’est manifesté en elle, grandit à chaque fois qu’elle réalise que quelque chose cloche. Que si elle est censée être humaine, elle ne devrait pas être faite d’acier et de silicone, aussi réaliste et chauffé soit-il. Que si elle est un robot, elle ne devrait pas avoir ces souvenirs si vivides d’une vie sur Terre. Que si elle ne ressent pas la douleur, pourquoi est-ce qu’elle recule lorsque Valentino lève le bras vers elle ? Tout se confond et se mélange à l’intérieur du petit ordinateur de la pauvre petit clown qui peine à démêler les nœuds de son esprit.

Histoire

Au début, il n’y avait qu'un Fizz Bot. Petite chose standard, sortie tout droit des usines d’Asmodeus comme tant d'autres autour d’elle. Et si elle n’était pas tout à fait comme les autres, elle n’en était pas moins qu’une simple poupée à l’effigie du plus célèbre des clowns de l’Enfers, produit en série pour un prix défiant toute concurrence… Plus ou moins. C’est qu’en ayant le monopole, Mammon n’a pas de concurrence. C’est donc facile pour lui de la défier tout en restant libre de fixer ses prix comme il l’entend, alors pour un modèle féminin de si haute qualité qu’elle… Pourquoi se priver ? C’est peut-être pour ça qu’elle a passé autant de temps dans le magasin, à servir de modèle d’exposition, passant de main en main sans relâche, à la vue et l’appréciation de tous, servant aux démonstrations de toutes les fonctionnalités et accessoires disponibles sur son modèle. C’est après tout ça qu’elle finit par être achetée, au rabais par un démon qui n’en avait pas vraiment les moyens, qui malheureusement pour lui offre son coeur à la petite poupée qui finit par lui être arrachée, volée sans scrupule pour être revendue au plus offrant, là-haut, dans l’anneau de l’Orgueil.

Ainsi, il y a Valentino. Et Kitty, le nouveau nom qu’il lui donne. Les débuts sont fastidieux, la pauvre poupée n’est pas certaine de comprendre tout ce qui se passe autour d’elle. Des flashs de son ancienne vie, celle dont elle ne devrait même pas connaître l’existence lui revenant à l’esprit. Mais Kitty les ignore, parce que Kitty n’est pas programmée pour se plaindre et chouiner. Du moins, pas toujours. Pas à moins que ce soit ce que veuille Valentino. Ses premiers programmes sont rudimentaires mais efficaces, et avec le coup de peinture et les vêtements qu’il lui offre, la voilà méconnaissable. Unique, en quelque sorte. Et Kitty apprécie, aime l’image que lui renvoie le miroir, celle d’une personne qu’elle pourrait presque croire à part entière. Très vite, elle s’attache à son nouveau propriétaire, sans savoir si ses sentiments viennent d’elle ou des idées qu’il lui implante dans la tête. Mais pourquoi est-ce qu’elle ne serait pas sincère ? Valentino est gentil avec elle. En général. Parfois. Quand il n’a pas besoin de se défouler. De toute façon, ça ne lui fait rien, n’est ce pas ? Sauf quand il fait en sorte que la douleur soit bel et bien présente pour elle. Avec le temps, la technologie évolue, et Kitty aussi. Chaleur, douleur, tout y passe. La rendant plus réelle, plus tangible, tout comme l’affection qu’elle porte à Valentino.

Et puis, il y a Viola, qui vient tout gâcher. Viola si belle, Viola si parfaite. Viola qui pense, Viola qui respire, dont la chaleur de sa peau n’est pas factice. Viola qui est ce qu’elle ne sera jamais : humaine. Morte. Au paradis. Viola dont l’image semble être partout autour d’elle, comme si même des années après, il n’y avait qu’elle dans le coeur et l’esprit du papillon. Comme si les télévisions, araignées, poupées et robot n’y avaient pas leur place malgré les mots doux murmurés par cette langue si suave. Et cette paranoïa, cette incertitude quant à sa place auprès de Valentino s’est vite avérée méritée, angoisses devenant réalité alors que lui et Vox lui implantent un nouveau mode, s’acharnent à la rendre réplique de ce fantôme du passé. L’effaçant elle, marionnette docile et insipide, pour retrouver un petit bout du paradis qu’il a laissé derrière lui sur Terre. Et pendant un temps, Kitty oublie. Kitty s’oublie. Kitty n’est plus, devenant une pâle copie de celle que Valentino imaginait sa femme être. Et tout devrait marcher pour le mieux, si ce n’était pour la réalité qui finit toujours par s’imposer à elle. À force de prétendre qu’elle est une humaine, elle finit par remarquer qu’il n’en est rien. Que si elle mange, ce n’est pas par besoin, ni même réellement par plaisir, mais simplement parce qu’on le lui demande, caprice justifié par une impression de normalité, énième mise en scène pour renforcer l’illusion. Que le visage qui est censé être le sien est bien différent de celui du miroir. Que si elle se déchire la peau, volontairement ou non, pas une goutte de sang n’en tombe, révélant à la place circuits et morceau de métal qu’elle s’empresse d’essayer d’arracher, s'enfonçant dans une crise qui lui semble interminable.

Et dans ces moments-là, il y a Vox. Vox qui la rassure, Vox qui s’occupe d’elle. Qui la répare, autant physiquement que mentalement, pour remettre les compteurs à zéro. Parce qu’elle n’a pas besoin de se rappeler de tout, pas vrai ? Parce qu’oublier est un cadeau qu’il lui offre, qui devrait pouvoir être offert à plus de monde. Et tant pis si ça ne marche pas toujours tout à fait, si des bribes restent. Si les heures et jours qui manquent à l’appel la désorientent. Vox est là pour lui dire que tout va bien, combler les trous de sa mémoire. Et pourquoi est-ce qu’elle se méfierait de lui ? Le seul problème étant que les caméras qui sont si chères au cœur de son deuxième père contredisent parfois ce qu’il lui dit. Alors Kitty doute, Kitty cogite. Et un jour, elle prit une décision : celle de commencer un journal intime. Ainsi, cachée aux milieux de ses coussins et de ses couvertures, au fond du tiroir qui lui sert de lit et de chambre lorsque Valentino ne veut pas d’elle à ses côtés, elle écrit. Les mots qu’elle couche sur le papier comme preuve de ce qu’elle a vécu dans la journée, comme preuve qu’elle existe bel et bien. Et peut être que depuis, elle est un peu moins perdue, peut-être que depuis, tout va un peu mieux. Mais peut être aussi qu’elle met désormais un peu trop d’importance dans ce jardin secret verrouillé d’un petit pendentif en forme de coeur aussi facilement brisable et factice que le sien.

Le/la joueur.euse derrière le personnage

Prénom ou pseudo : Bunny.
Âge : ans d'études à Montpellier.
Présence moyenne : Autant que possible.
Une suggestion ? : plus de frites à la cantine
J'ai lu et j'accepte le règlement : Non